Itinéraire de parents gâtés

Publié le par Emmanuelle&Amara

Petite note au préalable : Les photos de notre toute nouvelle star, sont à la fin du récit qui suit. Si, par un curieux hasard, vous êtes trop pressé(e)s et ne souhaitez pas lire ce texte, vous pouvez accéder rapidement aux détails essentiels de sa naissance et aux photos !!! en allant directement à la fin du texte.

Je ne le fais jamais mais pour une fois et pour l’occasion vous pouvez laisser quelques commentaires en fin d’article. Cet article compile les pensées qui m'ont traversé l'esprit pendant cette longue journée d'attente et d'inutilité et je prends le temps, seul, dans notre appartement, si vide depuis le départ d'Emmanuelle à la Maternité, pour les mettre quelque peu en forme.

 

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Dans la nuit du 10 au 11 mai 2009, Emmanuelle a vécu une expérience assez inédite depuis le début de sa grossesse : les fameuses, les viles, les vilaines, les contractions !

Elles l'ont réveillée au beau milieu de la nuit pour ne plus jamais la quitter. 18 jours avant le terme théorique de sa grossesse, c'est avec beaucoup de courtoisie que le bébé a choisi de faire des siennes en pleine nuit, pendant mon sommeil et de commencer son travail un lundi matin, à la fin d'un long week-end de mai.

« Pourquoi si tôt, pourquoi aujourd'hui?! »

Certains mettront cela sur le compte du calendrier. Pour les plus assidus à l'histoire de notre couple, le 11 mai 09 est une date assez spéciale car il s'agit du lendemain de notre première anniversaire de mariage. La veille, nous fêtions avec beaucoup d'émotions cette superbe année passée tous les deux et le chemin parcouru depuis notre rencontre. En flânant dans les rues du Vieux-Lyon, nous n'avions pas trop de doute que cette soirée en amoureux serait la dernière avant l'arrivée du bébé.

D'autres évoqueront le week-end passé. Il faut dire objectivement que ces contractions étaient assez méritées. Le week-end fût assez tonique, marquée par la réception de la famille Jacquot-Mainguet qui s'extirpait pour la première fois de leur chantier de Moye pour venir nous voir à Lyon. Emmanuelle et moi n'avions pas fait les choses à moitié. Cerise a visité le parc de la Tête d'or et la faune de son parc zoologique n'a plus du tout de secret pour elle. Si elle ne nous avait pas abandonné, épuisée, dans la longue file d'attente de la journée Porte Ouverte de l'opéra de Lyon, elle y aurait croisé également un faune toute aussi effrayante. (Voir Article précédent)

5h45 du matin : Emmanuelle me réveille doucement et déclare péremptoire que « c'est aujourd'hui le grand jour ». Je lui demande si elle plaisante car incrédule, je crois surtout à la fausse alerte, pense qu'il est trop tôt et que l'on va s'offrir un A/R pour voir à l'hôpital de Pierre Bénite. Ses contractions me calment assez vite.

Méthodique qu'elle est, elle a déjà préparé son sac et celui du bébé. Je n'ai qu'à prendre une douche et à servir de porteur, chauffeur sans esquisser la moindre lueur de panique.

Coquette qu’elle est également, elle essaie sa robe de réveillon, se dit que c'est le moment de la mettre mais se ravise. C'est sa première robe de grossesse, celle que l'on avait acheté à Jérusalem lors de notre première séance shopping spécial femme enceinte.

6h42 : Je ne sais résister et je retarde un peu notre départ imminent et envoie un minute-mail à une demi-douzaine de potes pour égayer leur début de semaine de labeur.

6h45 : Toutes les affaires sont dans la voiture, nous sommes prêts à partir. Les contractions se font de plus en plus fréquentes et son sens de l'humour décline à vue d'œil. Je lance un « T'inquiète ma chérie. Je m'occupe de tout » (Comme si j'en étais capable) mais il ne la fait plus rire du tout !

7h00 : Sur la route, nouvelle contraction ! Je bipe sur le Cardio Fréquence Metre que Micka m'a gentiment offert l’année dernière. 2'43 d'intervalle. C'est l'espace entre deux contractions. Si en mari modèle, j'avais assisté à au moins une séance de préparation à l'accouchement, si j’avais lu les dernières pages des dizaines de bouquins sur la grossesse qui ont trainé dans l'appartement, et bien si cela avait été le cas, j’aurais su que cela n'était vraiment pas bon signe.

Emmanuelle, dans la douleur, me lance le cinglant et traditionnel : « Mais qu'est ce que tu m'as fait?! »

Ca y est, je n'ai plus le droit de la toucher, il fallait bien que cela arrive un jour. Elle me dit qu'il faut qu'elle gère sa douleur. Elle est quand même suffisamment lucide pour me guider sur le trajet vers l'hôpital.

7h10 : Après avoir reçu plusieurs appels de phares, coups de klaxon, roulé avec une lenteur inquiétante sur les échangeurs les plus complexes et dangereux que le DDE ait pu autorisé sur le réseau routier français, nous arrivons déjà épuisés d'angoisse sur le parking de la Maternité de l'hôpital Lyon Sud.

7h15 : Je suis très échaudé. Ma femme souffre le martyre et personne ne l'accueille. Éduqué à l'école « Urgences », je m’attends à ce qu'à peine entrés dans l'enceinte de l'hôpital, plusieurs médecins titulaires surmotivés nous reçoivent armés du matériel dernier cri ou premier cri dans notre cas. Il n’en est évidemment rien.

Au lieu de cela, comme comité d'accueil, personne. On se croirait à la Défense avant huit heures du matin. Le bureau des entrées est vide, une employée à la mine pseudo compatissante nous montre le chemin du doigt et nous lance : « Vous savez ou c'est !? »

Plusieurs minutes se passent et Emmanuelle et moi nous frayons un chemin jusqu'au 3ieme étage et la salle des naissances. Nous sonnons parce qu'il faut sonner pour être reçu. Nous sonnons à nouveau parce qu'il faut sonner fort pour être reçu.

Une deuxième année (de quoi ?! Je ne sais pas mais c'est elle qui le dit), début de vingtaine, qui n'a jamais dû être enceinte, très calme donc pour l'urgence de la situation, ouvre enfin la porte. Elle entame, un doigt sur la bouche comme si elle révisait mentalement ses fiches de médecine un début d'histoire sans parole avec une Emmanuelle qui peine à s'exprimer. Cela dure bien une dizaine de seconde. Finalement c'est l'étudiante qui gagne et c'est Emmanuelle qui lui dit qu'elle croit qu'elle va accoucher. C'est bon la procédure peut commencer. Celui qui dit, y est ! Elle est autorisée à accoucher.

7h22 : Je suis obligé de la laisser quelques instants pour garer ma voiture un peu plus loin.

Bien mal m'en a pris. En revenant, j'ai perdu ma femme et suis obligé de patienter. Effroyable attente, une vingtaine de minutes à lire des bêtises sur le lancement du dernier véhicule hybride de la marque de Bolloré ou l'histoire d'amour entre un certain François Clerc, un rugby man toulousain, et feu, son R5 décédée des suites d'un aquaplaning un peu mal géré. Finalement, il y a des choses qui marquent et surtout, cela m'a beaucoup aidé à ne pas trop « psychoter » sur ce qui peut se passer à quelques mètres de là.

Un couple arrive quelques minutes après nous. La femme est évidemment enceinte, elle entre dans la salle d'attente. Elle dit qu'elle a quelques contractions, son comportement tranche avec celui d'Emmanuelle, il y a quelques minutes. On lui demande de patienter. Il n'y a pas d'urgence mais, surtout, je le saurais plus tard, les 4 salles de travail sont occupées. L'effet fin de “weekend” joue à plein.

7h45 : Finalement On me demande de mettre une blouse, m'emmène vers Emmanuelle ! Salle de travail Numéro Une. Choc ! On devrait nous préparer à ce genre de vision. Elle est perfusée, couchée sur un lit multifonction, des moniteurs LCD à multiples mesures et une lampe télescopique prêt à pointer l'objet du délit. On se dit qu’on aurait du choisir l'option « Accouchement avec des dauphins sur une plage à Cancune, la grippe A en moins ».

Elle souffre encore et toujours le martyr. On me demande de fouiller dans ses affaires pour retrouver sa carte de donneur de sang. Je cherche dans tous les sens : Rien ! Le bilan sanguin n'a jamais été transmis à l'hôpital. Pour être plus clair, personne ne sait réellement quel est son groupe et son rhésus sanguin. Cela veut dire pas de péridurale, pas de transfusion, etc... Je peste contre mon incompétence.

Il faut récupérer le numéro du Labo, aucun trace de ses coordonnées. Je me précipite à l'extérieur de l'hôpital ! Le portable n'a plus d'unités, il me faut trois tentatives pour le recharger. J'appelle le 118218 pour leur demander le numéro du Labo, rue des frères lumières. Heureusement, il n'y en a qu'un ! Fausse joie, il y en a un deuxième et je n'ai pas appelé le bon. Je n'ai pas de stylo ! J'en récupéré un ! Finalement, au bout d'une dizaine de minutes, je remonte vers la salle des maternité mais il est déjà trop tard.

7h55: Les choses sérieuses commencent et cela va être finalement à la Roots! La sage femme, un petit bout de femme au visage rond et aux énormes yeux bleus, elle a un petit air de Famille avec Claire, de Claire et Lol, me dit dans un souffle que...

« L'accouchement, Monsieur c'est maintenant ! Il faut que vous preniez la décision de rester ou d'attendre à l'extérieur ! »

J’y réfléchis à deux fois parce que pour être honnête le stress que je viens de vivre depuis m'a déjà bien entamé :

« Euhh... J'ai une petite carence en KitKat qu'il me tarde d'aller combler dans le couloir d'à coté. »

Emmanuelle ne me laisse pas trop le choix, elle attrape ma main, manque de la briser avec sa vigueur de fendeuse de buches jurassiennes. Cette petite blonde m'étonnera toujours par son courage dans les moments difficiles.

C'est parti pour de longues minutes d'un effort sans partage accompagnée de 4 ou 5 tuniques bleues, toutes féminines.

On a beau être préparé à ce genre d'événement, c'est toujours aussi impressionnant. Un mélange de déjà-vu, déjà entendu, de stress et de découverte permanente.

Je me pose des questions sur mon état mais finalement dans le feu de l'action, j'arrive à rester un minimum lucide. J'essaie de blaguer avec Emmanuelle mais bizarrement, elle n'a pas retrouvé son sens de l'humour. Je répète les consignes de la sage femme.

"Poussez soufflez Poussez ! Soufflez Poussez Poussez Soufflez!”

Mes phalanges restent intactes, celles de l'aide soignante de l'autre coté du lit ne peuvent pas en dire autant.

C'est la dernière ligne droite, Emmanuelle a poussé avec tellement de force, elle n'en peut plus, la puéricultrice la félicite, tout se passe bien de son coté du lit. Angoissé de nature, je scrute quand même le visage et les doigts de chacune, leurs actions sur la fin peuvent indiquer d'une suite un peu moins naturelle à cet accouchement.

Heureusement et le terme n'est pas assez fort, pas d'alarme, pas de souci particulier. Derrière moi, la puéricultrice a déjà préparé le dispositif pour recevoir le bébé, elle a maintenant une brumisateur à la main pour réveiller Emmanuelle sur le dernier effort. Je vois la tête chevelue poindre et je ne tourne même pas de l'œil.

8h10 : La tête sort et la sage femme la fait pivoter avec force sur le coté. Reste une dernier poussée pour extraire les épaules, le dernier obstacle. Ca y est !  Le bébé sort, aucune contestation possible, c'est un garçon, il est bleu ! On dirait un vulcanien ou bien un schtroumf, le bonnet en moins. Cela a beau ne durer que quelconque seconde, il se passe une éternité avant qu'il ne pousse son premier cri posé sur le ventre de sa mère.

Pour être honnête, il n'est pas très beau. C'est qu'il est épuisé. Sa tête est conique, les os de son crane se sont bien tassés pour l'aider à naitre. Il a déjà un 10/10 au test d'APGAR et un 10/10 pour l'accouchement le plus rapide en première grossesse. Finalement,Emmanuelle va beaucoup mieux et est tres heureuse. L'accouchement ne l'a pas trop marqué, elle est toujours aussi belle.

Très vite il reprend des couleurs, la puéricultrice l'emmitoufle dans deux couvertures.

La question fatidique arrive : Alors comment s'appelle-il ?!

Zéfir. Oui, oui. Zéfir. Comme ce vent léger d'Ouest qui nous a poussé vers la Réunion, l'Indonésie et Bali! C'est Emmanuelle qui l'a trouvé et le premier sur lequel on est tombés d'accord. Qu’importe la tendance néobobo qui dit que la mode est au prénom exclusif, Qu’importe les orientations sexuelles douteuses de la divinité grecque dont il fait référence et surtout qu’importe Babar, l’éléphant et son singe Zéfir . C’est le prénom de notre fils et il lui va très bien.

Je fais des A/R pour prévenir le monde entier que notre bébé est né. Emmanuelle est devenue une petite star, la miss de l’accouchement à l’ancienne. Elle patiente calmement le temps qu'une chambre à la maternité se libère.

Une fois, l'après midi venu, ils s'installent dans leur chambre. Zéfir passera une partie de l'après midi à apprendre à téter contre son gré et l’autre dans mes bras pour faire connaissance avec son papa. C'est le début d'une toute nouvelle histoire d'amour.

On fait une première sieste réparatrice avant qu'une dame passe changer le petit. On le dépose en fin d'après-midi à la pouponnière pour aller se balader autour de l’hopital avec Emmanuelle. On refait déjà le monde, enfin le notre, notre bébé à peine né, on en veut déjà un deuxième. Je peine à les quitter avant 21H.

Un petit poème écrit ce matin sur l’émotion.

« Qu'on appelle ma mère,

qu'elle prépare le R'fis*,

Que l'on somme mon père

de faire un sacrifice !

Nouez un ruban bleu

Autour des édifices

Pas de blagues, je suis sérieux

Ou est le feu d'artifices !?!

Faites cesser toutes les guerres

Faites sonner l'armistice !

Appelez moi l'armée de l'air

Tout de suite, avant que je crise !

Que décolle la patrouille,

Cela urge, qu'elle se grouille

Qu'elle grave dans le ciel

Tout près de notre lune de miel,

Que je suis le plus fier des peres,

Car mon fils, mon ainé, est né hier !

Et puis, faites taire son père,

Lui avec ses vilaines bafouilles,

Ces jeux de mots exaspèrent,

Tout le monde sait qu'il a la trouille. »

 

* dessert traditionnel de ma région d’origine qui ne se trouve dans aucun site de recettes recensées sur internet.

 

Les détails essentiels :

Zefir est né à Pierre Bénite à l’Hôpital Lyon Sud, le 11 mai 09, il pesait 3,2 kg et mesure (48 cm la moyenne pour un 38 semaine selon le pédiatre)

A la question que tout le monde se pose : « A qui ressemble le plus le bébé ?! »

A vous de juger, pour l'instant ni à l'un ni à l'autre, un parfait mix arabo-jurassien et j'espère que cela durera encore longtemps.

Bon, il est 10H, je devrais déjà y être depuis très longtemps déjà.

Ah oui, j’allais oublier les photos ;op ! Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.

Faites des Bébés !

Amara

Publié dans Baby09

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M
Bonjour à vous trois, et bienvenue à Zéfir !superbe travail commun que ce petit bout'chou, toutes mes félicitations et merci pour le texte bien imagé et surtout tout à fait dans l'esprit d'une belle aventure, Amara en est-il seul l'auteur ... Plein de bisous à vous trois ... Muriel
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E
<br /> Merci Muriel,<br /> J'espere vous revoir bientot pour un pareil evenement du coté de la bretagne ;op <br /> <br /> <br />
A
Emmanuelle est déjà rentrée de la maternité ? Bisous à elle et surtout félicitations pour l'accochement "à l'ancienne" moi j'ai pas osé !!!
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A
Super l'article mais pense bien Amara, qu'un premier accouchement peut durer 24 h :) Aurais-tu tenu le choc ?<br /> Zefir est beau comme tout, comme tous les métis !!!<br /> Bisous à vous 3 et à très bientôt (visite à Lyon prévue en août). Audrey
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<br /> <br /> Merci Audrey,<br /> J'avoue qu'on signerai bien pour un petit Lali (ou Mina, pas de jalouse !) en mode garcon mais on verra dans les prochains mois comment il evolue. On vous attends avec impatience. Bisous<br /> <br /> <br /> <br />