Semi Marathon à Chalons en Champagne

Publié le par Emmanuelle&Amara

 

 

Il y a des jours qui méritent d'être gravés d’une pierre blanche ! C’est bien comme cela que l’on dit ?!

En décembre dernier, fraichement rentrés de notre “épopée”, nous en avions profité pour passer voir nos amis de la Champagne, Audrey et Bouziane. Ils habitent avec leur deux adorables filles, Lali et Mina, une petite maison au calme dans un village au nom assez équivoque pour des champenois, Breuvery sur Coole.

Après de longues discussions à refaire le monde, après avoir poussé la population féminine vers une veillée qui les a retenu jusqu'à, oulalalala, 1h30 du matin, une performance pour une mère de famille, deux fillettes et une femme enceinte, Bouziane, avec le sérieux que je lui connais, me lance :

« J'aimerais bien reprendre la course régulièrement ! J'ai fait un 10 km a Reims avec mon petit frere et en plus, il y a une course à Chalons, le 29 mars 2009 , un semi marathon ! »

Bien entendu, il ne nous a pas fallu des semaines pour réaliser, pris comme il l'était par son travail, sa vie de famille et la clope que Bouziane ne ferait jamais la course mais le prétexte était idéal pour que je nourrisse de belles ambitions de coureur.

Donc, de mon coté, je l'ai pris au mot et ai fait de cette course, un petit défi personnel.

Depuis cette date, je me suis mis à courir régulièrement, plusieurs fois par semaine avec en tête la nécessité d'allonger mes temps de course, ma régularité, ma vitesse.

Pour ceux qui connaissent, je me suis construit mon petit parcours de côte autour de Montain :

  • Descente de la Massette,
  • Montée du Louverot,
  • Traversée de Lavigny,
  • Montée de Montain,
  • Passage de la Madone,
  • Fontaine aux Loups,
  • Montée du Louverot Bis
  • et puis pour finir, le Magnifique chemin de terre qui longe les vignes du village de Montain et offre un panorama splendide sur tout le Revermont ! En gros, entre 1h et 1h30 selon les variantes du parcours.

Je vous rassure, je suis loin d'être un athlète. Au début, je toussotais dans les côtes jurassiennes et pestais contre la rigueur de l'hiver qui m'avait souvent contraint à écourter mes sorties tant les Moins 10 C étaient insupportables pour mes petits poumons de réunionnais et surtout d'ancien fumeur !

Parce que nous sommes installés chez Solen à Lyon depuis 2 semaines, j'ai expérimenté avec allégresse, les joies de la course à pied sur le plat via les quais du Rhône et en multipliant les tours du parc de la Tête d'Or. Tôt le matin, il n'y a personne et c'est un régal de traverser une ville déserte et silencieuse au seul bruit de ma foulée délicate (Bon, j'arrête ma carrière de poète !)

Finalement, tous ses efforts ont payé, à Chalons, ce dimanche 29 mars :

La course a été aussi dure que je le croyais ! Nous sommes 350, ce qui est peu pour ce genre de course. Loin des Kenyans invités et qui vont finir les trois tours de la course avant j'achève le second, je me place en queue de peloton pour avoir de l'air et contrôler mon rythme en début de course.

Avant le départ, je discute avec un homme d'un quarantaine d'année sans dossard qui s'étire et qui va faire sa course en clandestin. Il ne la finira pas d'ailleurs.

Dès le premier tiers, j'ai cru que j'allais exploser. Je peste contre mon orgueil à vouloir suivre un rythme que je ne pense pas pouvoir suivre. Je réduis un peu la cadence, attends patiemment que les kilomètres s'égrainent toujours trop lentement. Je cherche souvent du regard, ma petite Manue, Bouziane et sa famille qui sont venus m'encourager.

Le 15ieme km passé, j'ai laché les CV pour finir le plus vite possible. Qu'importe mon souffle, mes cuisses aussi dures que la pierre, mes adducteurs qui me font souffrir à en changer ma manière de courir, je sais que je vais la finir cette fameuse course. J'embrasse ma belle qui casse sa voix à force de m'encourager. Je remonte quelques coureurs qui m'ont dépassé en allongeant ma foulée.

Je serre le poing au 20ieme km. Une voiture nous dépasse et montre un temps de course auquel je ne crois pas. Mon podometre doit être mal reglé.

Dernier km, il ne faut pas flancher comme les quelques malheureux blessés que j'ai croisés avant la fin.

Dernière ligne droit, je vois, enfin la ligne d'arrivée au loin. Cela fait des mois que j'attends ce moment ! J'entame un sprint avorté, faute de souffle, d'énergie et d'expérience. Le speaker entonne un :

« Et voici, Amara qui est le leader du Jura (le seul, en fait) en 1h38min ».

4min41 du km, 12,8 km/h de moyenne sur 21,1 km, je n'y crois pas ! Ce sont des chiffres qui ne vous parlent pas, qui ne sont pas extraordinaires en soi mais qui compte beaucoup pour moi.

Je m'arrête avec la tête qui tourne ! Je ne vais pas vomir ! J'ai fini ma première vraie compétition dans un temps que je n'avais jamais espéré. Même pas en rêve ! Un bénévole (300 ce jour-la) vient scanner mon dossard. J'embrasse Manue, entre les grilles qui séparent Coureurs et Public.

Je les rejoins ! Tous sont très excités, ils ont crié pendant près de 2h. La mère d'Audrey me dit qu'on ne dirait pas que j'ai couru un semi Marathon. J'ai mal partout de la plante des pieds à la tête. Instant fugace, on pose des regards de fierté sur moi. Cela fait longtemps, cela fait du bien, surtout en ce temps de crise et de chômage.

Au rayon des mercis en tout genre, je vais placer en tête de gondole :

Emmanuelle, qui m'a soutenu du début à la fin, même si, la compétition, ça n'a jamais été son truc,

La famille Ouahba et sa belle famille pour ses encouragements très touchants,

Les habitants de Breuvery sur Coole pour leur hospitalité de la veille,

Micka qui m'a offert l'été dernier à la Réunion, ce fameux et très utile Suunto, un Chrono-Podo-Cardio-Fréquence-Mètre,

Le Monsieur qui m'a aidé à terminer ma première course, la percée de Cousance dans le Jura,

Mohamed, le papa de Lounes, qui m'a bien conseillé du haut de son expérience de marathonien et de triathlète,

Les paysages et le bon air de Montain, parce qu'il n'y a pas plus agréable que de courir entre les vaches, les vignes et les cours de récré qui piaillent.

A bientôt,

Amara… thonien

 

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