Histoire sans parole à la sauce créole

Publié le par Emmanuelle&Amara

Dans la catégorie, nos régions ont du talent, il y a Lyon dans laquelle nous y vivons en ce moment nos premiers jours et il y a le CNP de la Rue de la Barre, un cinéma (indépendant ?) qui nous propose un film sympa et que nous avions prévu d’aller voir depuis un bail.

35 Rhums, un film de Claire Denis avec Alex Dascas, Grégoire Colin, Mati Diop et Nicole Dogue

 

 

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C’est l’histoire d’une famille, Lionel et Joséphine…

Lui est père célibataire, conducteur de RER, quadragénaire et surtout fier …

Fier d’Elle, une jeune étudiante d’anthropologie de la Fac de Saint Denis, métisse, belle, aérienne, une Amélie Poulain des temps modernes, une femme enfant trop sage qui a oublié d’aimer quelqu’un d’autre que son papa adoré. On a envie de la prendre par la main et lui dire “Osez, Joséphine !”.

Ils sont noirs tous les deux et leur banlieue l’est tout autant qu’eux. Les passants dans la rue, l’intégralité de leur amis, de ses collègues, de ses camarades de classe, des passagers du RER, le sont.

Depuis la mort de la mère, ils ont trouvé leur équilibre dans leur appartement de la Seine Saint Denis.

A quelques portes de là, il y a leurs satellites qui gravitent sans pouvoir dénouer les liens en béton armé qu’ont tissés entre eux, la fille et son père.

Gabrielle, la voisine de Lionel, éternelle éconduite, essaie tant bien que mal d’occuper une place de mère, d’amante entre les deux.

Noé, l’autre voisin, en perdition, toujours entre deux voyages, couve de son regard de braise la belle et jeune Joséphine et va bien sur tenter de briser leurs bonnes habitudes.

L’histoire est brute et belle.  Banlieusard et (toujours) Fier de l’être, je me réjouis de voir des images inédites au cinéma, des tableaux de ma jeunesse passée (Dernier Wagon de RER, Cages d’escaliers aux murs tagués, Appartements à la décoration kitch et mal pensée)

Avec un peu de recul, on peut reprocher beaucoup de choses à ce film, sa lenteur, la rareté des dialogues, ses quelques approximations, les quelques séquences de scènes doublées, mais jamais sa générosité. Il a le mérite d’offrir une place trop longtemps laissé vacante à des acteurs de grand talent, avec une présence exceptionnelle, qui accrochent le regard et la mémoire, et pour longtemps.

 

 

 

Amara

 

PS : Gabrielle ressemble beaucoup à la mère d’un pote, je vous laisse découvrir laquelle.

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